Aug 092014
 

[Note de MrJmad : Ce billet est long. Je vous préviens tout de suite. Il est long et vous n’apprendrez pas grand chose (à part qu’un booksprint c’est bien). C’est simplement en retour de ressenti, à chaud, après une expérience sympa que je viens de vivre. Ne venez pas vous plaindre à la fin si vous avez l’impression d’avoir perdu votre temps à lire ! 🙂 ]

 

Il est minuit 11 mardi, pardon mercredi 6 août. Je commence à écrire ce billet, musique dans les oreilles,  à Bruxelles, assis dans une maison que je partage avec six autres personnes, juste parce qu’il m’est, pour l’instant, encore impossible de dormir, l’esprit bien trop rempli d’excitation et de fun ressenti.

Mais commençons par le début. Que fais je à Bruxelles, un mercredi 6 aout ?

Je participe donc à un liberathon, c’est à dire à l’écriture, en équipe d’un livre qui sera publié sous licence libre. Pour le coup un bouquin sur l’utilisation du Blender Game Engine pour créer des jeux.

Comment diable ai je peux arriver dans ce projet alors que je suis un handicapé total de la création 3D (et du dessin en général ? ) Parce qu’il manquait un profil ‘niais en blender et bon en python’. Et qu’en plus je maîtrise assez bien les problématiques basiques de tout ce qui est game design.

Mais comment en vrai, je suis arrivé là ?

C’est grâce à Linux Mag et aux RMLL.

Aux RMLL parce que j’ai fait deux conférences sur les jeux vidéos libres et que en passant j’ai dit que je faisais du python quasiment tout les jours. A Linux Mag parce qu’il y a maintenant deux ans, j’ai écrit une partie du Hors Série créer des jeux en HTML 5. Et qu’Elisa, la fondatrice de FLOSS FR avait aussi participé à ce HS.

Et qu’elle était aussi assise dans la salle où j’ai fait mes confs, aux RMLL 2014. Et qu’à la fin de la conf, elle est venue me demander si je voulais participer, début août à l’écriture d’un bouquin, sur les jeux vidéos. Qu’elle cherchait justement, vu qu’elle était la facilitatrice du groupe, un profil connaissant python mais pas du tout blender.

Au début, je ne pensais pas pouvoir y participer. Mais finalement après avoir organisé les choses pour le boulot et vérifié que ma moitié acceptait l’idée que je parte une semaine complète, une absence de plus, même pas vraiment pour le boulot, finalement j’ai dit oui. Et cela même alors que tout les français logeaient dans une maison airbnb, comme une espèce de grosse collocation à 7 pendant une semaine. (cette idée me faisait suffisament peur, pour ne pas dire qu’elle me terrifiait totalement, que j’avais demandé à pouvoir dormir dans une chambre seul, ce qu’en plus j’ai pu faire, même si au final j’ai dormi dans un bureau, sur un matelas posé au sol et sans porte mais avec un rideau )

Et donc, dimanche 3 août, 13h36, j’ai pris le TGV direction Paris, puis le Thalys direction Bruxelles. 19H23, sans même une demi minute de retard, le Thalys arrivait Gare du Midi.

Et à même pas 20h, j’étais sur place découvrant une partie de l’équipe.

Equipe qui fut au complet le lendemain. 14 personnes, des français et des belges. 2 facilitateurs, Elisa (La BOSS (on me signale dans l’oreillette qu’en fait on pourrait qualifier notre semaine de BOSS : Blender Open Source Summit et que donc élisa serait la BOSS des BOSS .. 🙂 ) et Cédric. Et pour le reste douze auteurs. Illustrateurs, modeleurs, utilisateur de blender ou du blender game engine. Un core dev game engine.  Et moi. Moi qui n’est plus lancé blender depuis 2003.  Moi dans le rôle du dev python avec un regard naïf sur blender.

Et tous ensemble on avait 5 jours pour écrire un livre. Plutôt 4 jours d’ailleurs le premier jour étant quasiment totalement consacré à la définition de ce qu’on allait écrire.

Et comme écrire un livre en même pas une semaine c’était trop facile, dés le lundi soir un objectif secondaire fut ajouté. Créer un jeu, un vrai jeu, enfin tout au moins un prototype fonctionnel avec plusieurs niveaux, une histoire, tout quoi, en même temps, avant la fin du sprint.

Et on est donc mardi soir très tard, enfin tellement tard qu’il est plutôt mercredi tôt. Deux jours ont passé, un jour depuis que le projet « bis » jeu a été lancé. Ce fut deux jours longs. Deux jours avec une forte demande en productivité.

Mais ce fut deux jours comme j’aimerais en vivre 100, 1000. Une salle, quelques tables carrées  et 14 personnes arc-bouté vers le même objectif. Une exigence de performance comme je ne l’avais pas ressenti depuis très longtemps.

Un Fun sérieux, un ‘avançons ensemble’, un échange fluide entre tout les membres de l’équipe, une émulsion permanente, une telle diversité. Et un rôle totalement important et tout en finesse, presque invisible tout en étant totalement indispensable des facilitateurs. Pour faire que chacun donne le meilleur de lui même, pour que tout le monde prenne la place dans lequel il excelle, que chacun avance dans le bon sens, que les choses se passent bien, sans heurt.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Je ne sais pas si on arrivera à finir le jeu en plus de finir le bouquin (pour le livre, je n’ai pas de doute sur le fait qu’on le finisse).

Ce que je sais c’est que déjà là maintenant, je suis follement heureux d’avoir dit oui. Cette expérience restera comme une étape importante, comme un souvenir que je me remémorerais avec plaisir. Comme la démonstration parfaite qu’à plusieurs, avec le bon état d’esprit, on peut faire des quasi miracles.

Je ne publierais ce post, si je le publie d’ailleurs, qu’à la fin du booksprint. Mais je continuerais à le rédiger, au cours des prochaines nuits. Pour l’instant je vous laisse, j’ai des levels à designer.

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Je continue ce billet dans le train du retour. (un TGV bondé qui passe à la fois par l’aéroport charles de gaule et eurrodisney .. je vous laisse imaginer l’ambiance.. ) J’espèrais pouvoir continuer ce post pendant le booksprint même, mais ce ne fut pas possible. Finir à 20h, aller manger, prendre un peu de temps pour boire une petite bière belge, rentrer, passer 1h ou 2 à taffer et dormir. Voila mes soirées. Pas de créneau pour écrire. Siroter une pinte en refaisant le monde ou avancer sur le boulot à faire du lendemain était somme toute plus important.

Et puis, le trajet du retour est au final un bon moment pour commencer à prendre du recul et finir d’écrire mon ressenti. Encore dans les émotions de la semaine passée, mais plus frontalement dedans.

Je me rends compte qu’avant de parler plus avant du booksprint en lui même, il me faut présenter quelques acteurs importants de cette semaine qui vient de passer.

Tout d’abord Bruxelles. Bruxelles et ses bars, partout tout le temps. Bruxelles et l’ambiance, le plaisir que j’ai à y passer du temps en m’y sentant un peu comme à la maison. Le cosmopolitisme des gens qu’on y croise, la façon d’être sans pareil des belges.. [ Je crois que si je pouvais choisir, j’aurais bien aimé être belge] Mon seul regret est au final d’ailleurs le peu de temps que j’ai pu passer à y flaner. [ et à 20h, je peux vous promettre qu’il n’y a plus une librairie ou un magasin rigolo d’ouvert ]

Ensuite la maison, louée sur airbnb, où nous vivions (enfin, plutôt où nous passions très peu d’heure par jour), nous les francophones. Une maison sur plusieurs niveaux, toute biscornue, totalement anti-fonctionnelle. Aucun verrou sur les portes intérieures (ni au WC, ni a la porte de la salle de bain, rien). Des escaliers sans rampes, des trous d’accès aux escaliers sans rampe histoire d’éviter une chute rapide d’un étage. Des interrupteurs cachés, parfois en deux parties (les lumières de la salle de bain s’allumaient avec un interrupteur à l’extérieur et leur puissance se réglaient avec des potentiomètres cachés sous le meuble des lavabos.. Sans parler de bibelos présent de partout .. de la statue grecque de plus d’un mètre de haut posé sur un meuble, du clavecin, des chaisses ultra kitch (velour rouge et bois noir) .. Bref une source continue de rire, d’étonnement et de ‘WTF mais c’est quoi cette maison ??’

Enfin le lieu du booksprint. Un immeuble de 11 étages, anciennement occupé par un hopital ; Celui-ci n’occupe plus que les 3 premiers étages, mais du coup, le proprio ne peut pas lancer de gros travaux de rénovations. Les étages au dessus sont donc loué à des collectifs d’artistes. Nous étions au 9ième étage, tout au bout du 9ième chez F/LAT. Pour se rendre dans les 3 salles où nous travaillions, il fallait  donc traverser tout l’étage, éclairés par deux projecteurs led à détecteur de mouvement. Une impression de fin du monde, de squat, de gens qui se réfugient là pour éviter de se faire croquer par des zombies. Et la vue .. une vue magnifique sur tout bruxelles. Faire une pause, aller chercher un café et me poser avec mon mug, face à une fenêtre pour juste découvrir le panorama, se vider la tête en observant la ville, en dessous  …

Le décor étant posé, reprenons le fil de l’histoire. Mercredi, jeudi et vendredi sont passés à une allure incroyable. Mix d’écriture, de boulot pour faire avancer le prototype de jeu, d’étonnement sur l’avancement des choses, de discussion avec les autres auteurs, d’échange de point de vue, d’échange sur la manière d’aborder certaine partie,  ….. Et toujours La BOSS, qui supervise, laisse le groupe en autogestion quasi complète, n’intervenant que quand il le faut, pour que toujours le wagon soit dans les rails.

Mug de café,  test avec  l’API Python du Blender Game Engine, dizaines d’onglets d’ouverts sur les chapitres de celle-ci, cours accéléré sur l’utilisation minimale de blender ( comment créer des mesh et les tripoter un minimum), Repas de midi pris sur le pouce à base de frites, de pain et de charcuterie ..

Et le stress ? Peu, très peu au final. Parce que les facilitateurs sont la pour ça. Parce que c’était La Boss qui gérait. Elle, elle a peut-être stressée à chaque minute. Mais nous, les auteurs, nous étions protégés. Nous n’avions qu’à écrire. Du mieux possible, suivant ce qui avait été définis… Personnellement, quel plaisir que de pouvoir faire ce lâcher prise, comparé à mon univers habituel où je dois justement avoir la vision globale des choses.  Ici, rien de tout ça,  pas de vision d’ensemble, pas de stress du à la planification. Savoir que quelqu’un d’autre gère ça. Que ce qui compte c’est de faire bien ce qu’on doit faire soit. Et faire confiance pour le reste.

Et au final le vendredi arrive. On est dans les rails, que ce soit bouquin ou jeu. Les choses avancent. La fatigue est là. La concentration se perd. 16H … je ressens comme une chute brutale et complète de ma concentration, de ma motivation… Se lever, aller faire la vaisselle (en fait simplement laver les mugs sales), refaire du café. Passer prêt des autres, les voir bosser, tenir, concentrer. La conscience qu’il n’est pas possible de ne pas tenir si les autres tiennent. Se rasseoir, s’y remettre.

Encore 2h .

18h.

La BOSS nous arrête. C’est l’heure de publier.

Mais les corrections ne sont pas toutes finies …

18h. On publie.
La simple satisfaction d’avoir réussit. Le bouquin est là. Publié. Prêt à lire. Il y a sûrement des retouches à faire. Mais il est en ligne. Fini.

Je vais bientôt finir ce billet, bien trop long, bien trop tourné vers cette expérience étrange que je viens de vivre, bien trop personnel pour au final mérité d’être lu. [ Mais je le publierais quand même, parce que j’ai envie, besoin, de partager cet état d’esprit qui fut le mien pendant une semaine ].

Un dernier paragraphe, un dernier avis. J’ai l’impression d’être sorti comme pas souvent je l’ai fait de ma zone de confort. Accepter une vie en collocation, participer à un projet en étant, du fait du cahier des charges, le mec qui y comprenait rien, devoir apprendre quasiment en temps réel la manière d’utiliser Blender pour pouvoir ensuite faire le code python qui permettait de faire « la même chose qu’avec la souris, mais en python » … Quel plaisir d’avoir osé. Combien je m’en serais voulu si je n’avais pas dit oui …

Au final, il y a une phrase qui résume parfaitement les booksprint.

Des contraintes naît la créativité.

Merci à chacun des participants, merci à La BOSS.

[Quand au processus d’écriture lui même, j’ai essayé d’en dire le moins possible, c’est tout à fait volontaire. Je pense qu’il est important que le plus possible d’auteurs arrivent en naif sur la manière de procéder. Important que ca soit les facilitateurs qui au premier jour, sur place, explique à leur façon comment les choses vont se passer. Je me trompe peut- être, mais c’est ainsi que je le ressens. Juste, ça marche. Pour savoir comment, il faudra que vous y participiez]

 

[ Et pour ce qui est du jeu, son développement a faite remonté un ou deux petits bugs très spécifique dans le BGE, qui font que parfois, sur certaines machines malchanceuses, il y a de petits problèmes, on va donc attendre la sortie de Blender 2.72 pour le publier ]

 Posted by at 22:49

  One Response to “Première participation à un BookSprint, récit d’une nouvelle expérience.”

  1. très intéressant et agréable, ton enthousiasme transparaît chaque ligne mais frustré (je sais c’est fait exprès 😉 ) de ne pas découvrir la mécanique qui permet de coordonner l’écriture d’un livre en si peu de temps avec autant de mains.

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