Benoît, je le connais depuis… un ou deux ans. Depuis qu’un jour, je me suis retrouvé par hasard et pour mon plus grand bonheur pigiste de Plato (j’y tiens une chronique actualité du jdr et commets quelques critiques de jeux de plateau). Au gré des numéros de plateau, j’ai pu me rendre compte que le boulot de rédac chef devait vraiment être infernal et que les pigistes étaient vraiment pas sympa à envoyer leur textes toujours au dernier jour quand ce n’est pas en retard (comment ça il n’y a que moi qui fait ça ??) .. Du coup, pour me faire pardonner (et surtout parce que j’avais envie de lui poser plein de questions et d’en apprendre un peu plus sur comment on fait un magazine), je l’ai mad interviewé :).
Bonne lecture.
1. Si tu devais te présenter en trois phrases, que dirais-tu ?
a) Physiquement je n’ai rien d’exceptionnel
b) Intellectuellement, je n’ai rien d’exceptionnel
c) mais j’essaie de vivre avec (ou sans)
Ta cyber life
2. As-tu des blogs ou des sites web ? Si oui, lesquels (les liens sont acceptés) et de quoi parlent-ils ?
Non
3. En tenais-tu d’autres avant et si oui pourquoi les avoir arrêtés ?
J’en avais un : dilay.unblog.com, au sujet de l’achat et de la restauration d’une petite ferme en ruine. Je l’ai arrêté faute de temps et pour ne pas voir tous mes voisins visiter virtuellement ma maison. Je l’avais débuté, classiquement, pour faire participer la famille et les amis aux travaux et ne pas passer des heures au téléphone ou envoyer des mégas de photos pas toujours désirées.
4. Plutôt Twitter (identi.ca) ou Facebook ? Quelles utilisations as-tu des deux ?
Plutôt Fb, et encore, je regarde de temps en temps, j’échange qq messages et c’est tout. J’ai assez d’occupations réelles pour ne pas clavarder.
5. Es-tu addict au net ? Si oui, as-tu une ou deux anecdotes à ce sujet ?
Oui, je pense, puisque je lance et relance Firefox sans arrêt pour suivre un flux RSS, pour vérifier s’il n’y a pas un nouveau nouveau sujet sur un forum… un point de législation pour le boulot… Des anecdotes, non, mais les jours de neige, quand les lignes sont coupées, je ressens parfois un gros… blanc ! Mais avec un smartphone et un peu de réseau, ça n’arrivera plus 🙂
6.Sur le net où peut-on te trouver ?
Sur quel forum tu veux dire ? Celui de Plato pour faire le lien avec l’équipe et c’est presque le seul. Je regarde de moins en moins celui de Tric-trac, faute de temps !
Sinon mes sites de prédilection : mobi.eludique.com (agrégateur de flux ludiques) qui me permet de lire ce qui se passe ici ou là, BGG. J’apprécie les articles de Bruno Faidutti, je me force à lire quelques sites allemands pour ne pas trop perdre la main.
Le boulot
7. Tu bosses où ?
Je suis directeur d’une association qui gère un écomusée, une boutique de produits locaux et un service pédagogique d’éducation à l’environnement, dans le marais poitevin.
L’éducation à l’environnement, voilà un sujet encore plus chronophage que le jeu !
8.On va parler de Plato en détail, mais déjà comment tu arrives à concilier ton activité de rédac chef avec ton travail ?
Je dors très peu et ce sont des activités aux rythmes et aux déterminants complètements différents. Il y a certes toujours des clients (visiteurs, lecteurs) en bout de course mais les environnements professionnels sont totalement disjoints ! Cela me permet d’évoluer dans deux univers à part, ce qui m’aère l’esprit et m’évite de tomber dans la routine, d’un côté comme de l’autre. J’appuie sur un bouton off et je tourne la molette sur on, ou inversement.
9. Ton bureau au boulot il ressemble à quoi ?
C’est un open space, un ordi qui rame et des piles de dossiers. J’ai toujours eu un bureau et des ordi très foutraques, des papiers partout, des feuilles volantes, des blocs notes de partout. Des tasses de café, aussi. Paradoxalement, plus je m’étale, moins je range et plus je synthétise et je structure mes dossiers et les projets que je mène.
10. Ton entretien d’embauche, c’était comment ?
Avec des élus et quelques techniciens, une matinée ensoleillée, 45 minutes de discussion très cordiales.
11. Ton pire souvenir de boulot ?
Dans un précédent boulot, l’abandon de plusieurs années d’effort sur un simple conflit personnel, avec un élus qui voulait marquer son territoire face à une association culturelle. Le pouvoir peut rendre les gens mégalos et irresponsables. Une bonne leçon, mais très dure sur le coup.
12. Ton meilleur souvenir de boulot?
Le meilleur est à venir
13. Ta vraie life, quand tu n’es pas au boulot
Des jeux, des travaux à la maison, l’entretien du jardin, des confitures…
15. Ton bureau chez toi, à quoi ressemble-t-il ? (si tu as une photo…)
Je n’en ai pas. Canapé, table, fauteuil. Je vais où mes chats me laissent de la place. Ou plutôt je n’en ai pas encore, je bosse dessus cet hiver, une pièce à rénover de A à Z, sol à creuser, chapes à faire, murs à enduire, isolation, chauffage, peintures, fenêtres à poser. Tu fais des trucs pendant ces vacances.
16. Tu t’investis dans des trucs précis, hormis Plato (projets divers, art, asso… ?)
Mon projet de rénovation, j’essaie d’appliquer certains principes écolos (matériaux à l’ancienne : chaux, chanvre, chauffage au bois). Quand la maison sera finie je passerai au jardin, sans pesticide. Je ne milite pas, mais je suis un sympathisant d’associations de protection de la nature (et pas du parti politique, qui est à l’écologie ce que BHL est à la philosophie…).
17. Parle nous plus d’une de tes passions non jeux vidéo, JDR, bouquins, jeux de plateau et Plato (depuis quand, en quoi ça consiste, pourquoi tu aimes…)
La photo, j’ai un peu mis ça de côté, mais j’ai toujours mon reflex, argentique pour faire snob et quelques vieux appareils des pays de l’est qui ont une optique extra, et un agrandisseur récupéré dans une MJC. Dès que j’ai le temps, je m’y remets.
18. Es-tu rôliste ?
Pas du tout !
19. A quel style de jeux joues-tu ? Plutôt joueur ou MJ ? Pourquoi aimes-tu jouer aux JDR ?
20. Tu as d’autres passions, loisirs ? Lesquels ?
Visiter des musées, des églises, des expos. Dès que je peux, je fonce, mais pas assez finalement. C’est proche de mon métier, mais c’est pour cela que je me suis orienté dans cette voie.
Le magazine Plato
21. Plato c’est quoi en fait comme magazine ?
C’est un magazine qui parle de jeux de société, avec des cartes, des pions, des plateaux et même des dés. Articles de fond, critiques de jeux, interviews… 64 pages tous les mois en vrai papier ! On essaie de procurer des bonus à nos abonnés à chaque numéro. On est donc un peu le Bonux du jeu, mais sans phosphate.
22. Il a été crée quand ? Comment ? Tu étais là au départ ? Si oui, l’idée est née comment, après une soirée de jeux de plateau ou une mémorable beuverie à la bière ?
Le mag est une idée de Didier Delhez, son éditeur. Il a lancé un appel sur un forum bien connu et quelques apprentis rédacteurs ont répondu, dont moi. Nous étions une dizaine au départ, en 2005. Il y eu des hauts et des bas et à présent nous sommes une bonne vingtaine, répartis un peu partout, et la plupart des rédacteurs ne se connaissent même pas, ne se sont jamais vus. Un vrai télétravail.
23. C’est quoi le plus dur dans la gestion d’un mag, trouver des rédacteurs, leur faire écrire leurs textes à l’heure, gérer le budget, trouver des points de vente, autre chose ?
Je ne m’occupe que du rédactionnel, pas du tout de la diffusion ou du budget. Le plus dur est en fait de coordonner une démarche éditoriale, une ligne générale sans trop brider la créativité et les idées des rédacteurs. Maintenir un niveau d’exigence aussi, ce qui peut générer des frictions quand des rédacteurs se laissent aller, parfois inconsciemment. Après, il y a des bouclages plus faciles que d’autres. Mais on a tous besoin d’urgence !
24. Pourquoi avoir décidé de ne publier Plato qu’en boutiques spécialisées et pas en kiosques ?
La diffusion en kiosque oblige à des tirages très importants et à mettre le doigt dans un système qui est casse-gueule pour des petites structures. Délais de paiement important, coût de pilonnage des invendus. Il faut être sûr de son coup ou être adossé à un groupe de presse qui a la trésorerie et les reins solides.
25. Si tu avais quelques conseils à donner à des petits jeunots qui veulent lancer un magazine, tu leur dirais quoi ? (la réponse «n’y penser même pas et retourner jouer aux billes» n’est pas permise)
Pensez aux filles ! C’est mieux que les billes. C’est possible, bien sûr dans une niche ou avec des coûts bien maîtrisés. Il faut de l’endurance et énormément d’exigence, ainsi qu’un bon fond de roulement. La passion et le talent, c’est presque plus simple à trouver !
Jeux vidéo
26. Joues-tu ou as-tu joué à des jeux vidéo ?
Oui !
27. A quoi joues-tu ? Tu aimes quoi comme types de jeux ?
A présent je ne joue qu’à des casual, genre Hidden objects, si l’ambiance est intéressante, ou le graphisme. J’ai beaucoup aimé Pure Hidden, d’un studio d’Angoulême, par exemple.
28. Ton premier souvenir de jeux vidéo ?
Prince of Persia, sur un Goupil je crois. Le gars qui l’avait à l’école avait une cote incroyable. On lui mettait la misère en sport, juste pour se venger.
29. Ton dernier coup de cœur ?
Pure Hidden, mais j’ai décroché des « vrais » jeux. C’est plus du délassement qu’autre chose.
30. Atari 2600, Master System ou NES ?
Master system. Elle marche toujours !
31. Les jeux en mode texte, comme NetHack ou autre, tu connais ? Tu pourrais y jouer aujourd’hui ?
Je ne connais pas du tout !
Les bouquins
32. Tu lis ? Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ?
Non, à part la presse, je ne lis plus.
33. Tu lis de tout ou tu as des styles de prédilection dont tu ne sors pas ?
C’est la honte, tu n’avais pas prévu de déviation à cette question ; Je suis donc un gros naze de ne pas lire !
34. SF, MedFan, Bitlit, tu as un préféré ?
Ah ben, non, toujours pas !
35. En ce moment tu lis quoi ?
Ah, si, un catalogue d’expo, sur la représentation des zones humides dans la peinture ! Il y a même des images 😉
36. Ton livre préféré ?
« La honte », ça existe ?
37. Le livre que tu as détesté lire et que pourtant tu as fini ?
Je l’ai adoré et détesté : A rebours de Joris-Karl Huysmans. Une écriture maniérée, une recherche de vocabulaire impressionnante mais aujourd’hui tellement datée que bon nombre de mots ne sont plus dans le dico. Pourtant, une ambiance, une histoire, un rythme tel qu’on s’accroche. Mais bon, c’était il y a longtemps !
38. Et si tu devais me conseiller un livre (en français) ? Un livre qu’il faut que je lise pour ne pas avoir raté ma vie et qui en plus me plaira ?
Aucune idée, désolé, je crois qu’on a raté notre vie tous les deux, du coup !
Question pour me faire mousser
39. Est-ce que tu lis le Mad Blog ? Pourquoi (que ça soit oui ou non) ?
Je l’ai regardé une fois ou deux et j’ai lu des trucs que je n’ai pas compris sur l’informatique !
Allez, on a presque fini, quelques dernières questions pour vraiment te connaître
40. Tu es plus Hugh Jackman ou Robert Downey Jr ? Pourquoi ?
Qui sont ces gens ? Des acteurs ?
41. Si tu devais choisir un bouquin, un bon film, une série cool, une série pourrie, un nanard, tu choisirais quoi (choisis un de chaque et si possible donne une explication) ?
- Encore un bouquin ?
- Un bon film : L’homme des hautes plaines,
- un western apocalyptique que j’adore.
- Une série cool : « Agence no 1 des dames détectives » qui n’a pas duré et qui se passait au Botswana, l’héroïne étant une femme détective. Très sympa, une ambiance aux antipodes des séries actuelles !
- Une série pourrie : pas d’idée !
- Un nanard : pas d’idée non plus.
42. Si tu devais choisir un événement que tu as vécu, un seul, pour te définir, tu choisirais lequel ?
Le 11 septembre, on se souvient tous de ce qu’on faisait ce jour-là, et ce que je faisais me représente bien : j’étais en Creuse, sur un projet de fouille archéologique d’une abbaye, avec des étudiants et bénévoles de plusieurs pays, en alimentant une espèce de site-blog en html sur les découvertes qu’on faisait et ce jour-là, on avait mangé des andouillettes fabuleuses, faites par le boucher du village. Véridique. Et on n’a pas cru un instant à ce qu’on a entendu à la radio (on n’avait pas la télé, trop moderne).
43. Ton pire souvenir scolaire ?
Un devoir de physique en terminale, la prof s’était servi de ma copie pour corriger et montrer à quel point j’étais nul… J’ai fini avec un 17 au bac (niark, niark) et l’envie de ne plus jamais faire de physique.
44. Quand tu étais petit, tu voulais faire quoi comme métier ?
Ecrivain, ce qui explique encore plus ma honte ci-dessus !
45. Quand je dis chaussette, tu penses à quoi en premier ?
À la carte bonus qu’on avait dans Plato pour le Donjon de Naheulbeuk (ça s’écrit comme ça ?).
46. Tu es plus hamburger ou sushi ?
Sushi ! J’adore ce qui est cru, j’adore aussi travailler le poisson et la viande ! Miam ! Mais bon, la bonne régression d’un hamburger surgelé paf dans le four… OK, Hamburger.
Juste avant la fin, un peu de liberté
47. Une question à laquelle tu aurais aimé répondre et que je ne t’ai pas posé ?
Ce que j’écoute !
48. Et donc, la réponse ?
J’adore tout ce qui me rappelle Joy Division et chez les français, je suis fan de l’écriture de Dominique A et de son phrasé.
49. Un coup de gueule à passer ?
Rappelle-moi de ne plus jamais me lancer dans des interviews à 50 questions où tu racontes ta life !
Bouh à ces questionnaires, oui, monsieur, bouh !
50. Un sujet qui te tient à cœur et dont tu veux parler à ceux qui lisent ton interview ?
Les bébés-phoques ? Le langage SMS qui tue la langue française ? Non, en ce moment ce qui me fait peur c’est l’impression d’être dans un pays qui part en sucette avec une apparence très solide et respectable mais des pans entiers de notre vie culturelle, sociale, économique qui sont jetés aux orties. J’habite à la campagne, près d’une ville et j’ai vraiment l’impression d’un pays qui se coupe en deux socialement.
Le mot de la fin, en 17 mots ? (ce qui fait les 17 mots de la fin)
Merci de cette tribune libre ou presque et bravo aux lecteurs qui en ont du courage, eux !