Jusqu’en fin 2006, je n’avais jamais lu Gaiman. Qui était pourtant, d’après les rumeurs, un excellent auteur de fantastique. Le nombre de gens me conseillant de le lire et me menaçant si je ne le faisais pas, des pires tortures augmentant dramatiquement, je me décidais, en octobre 2006, à me jeter à l’eau. Et comme je ne fais pas les choses à moitié, j’achetais trois bouquins du monsieur, Miroirs et fumées, Neverwhere et American Gods.
Je décidais de commencer par Miroir et fumées (dont je parlerais dans une prochaine review), pourquoi commencer par celui là ? J’en parlerais dans le billet qui lui sera consacré. J’avais donc commencé par lire Miroir et fumées, un bon recueil de nouvelle, agréable à lire avec quelques textes vraiment plaisants. Mais pas non plus un chef d’œuvre capable de me captiver suffisamment pour que je lise pendant de longues heures plutôt que de regarder un épisode de Battlestar Galactica. Neverwhere par contre, allait réussir ce tour de force (tout comme les honor harrington ou les livres de Jasper Fforde)
Petit résumé :
Richard est un jeune écossais qui part travailler à Londres. Il y vit une vie tranquille, métro boulot dodo, sa vie étant plus ou moins régie par sa fiancée riche et de bonne famille. Un soir, alors qu’il doit diner avec sa fiancée et le patron de celle-ci dans un grand restaurant londonien, il croise la route d’une jeune inconnu, blessée, l’épaule ensanglantée. Il décidera de l’aider … et c’est la que tout bascule. Il perd sa petite vie rangée, les gens ‘normaux’ ne le voient plus, tous semblent l’avoir oublier. En contrepartie, il découvre le monde où vit la jeune inconnue qu’il a aidé : le Londre d’en Bas, un monde onirique semblable au monde d’alice au pays des merveilles en bien plus dangereux. Un monde magique ou les stations de métros sont bien plus que des stations de métro, où l’on peut croiser le marquis de Carabas, où l’ont parle aux rats avec déférence. Un monde sombre, glauque, violent, terrifiant, mais aussi diablement envoûtant, excitant, attirant.
Le livre est un délice, plein de clin d’oeil de référence. Rebondissement après rebondissement, on ne peut qu’être envoûté par le monde à la fois moderne, féodal, gothique décrit par Gaiman. Un monde brillant de milles feux ou chacun des personnages est un vrai petit bijoux de description.
Pages après pages, on suit notre candide Richard qui lui même suit celle qu’il a sauvé, cherchant un moyen de retourner dans son petit Londres tranquille et douillé.
Roman d’apprentissage autant que conte autant que quête héroïque à la mode mythologique, voilà ce qu’est Neverwhere.
Le seul reproche qu’on pourrait lui faire, c’est d’être trop court. On le finit bien trop vite. J’aurais vraiment aimé que certains passages soient plus développé, que Gaiman prenne plus son temps. Et c’est vrai qu’il y a tout de même un bon grand nombre de rebondissement pour peu de pages (même si objectivement quand on lit, on s’en contrefiche, on lit et c’est tout).
Nota de fin de review : depuis 2006, de l’eau a coulé sous les ponts. Et la version poche que j’avais acheté alors n’est plus disponible. Heureusement les éditions Au diable Vauvert sont venues nous sauver et ont réédité le bouquin dans une superbe édition brochée. (Le comble étant que je l’ai déjà offert 2 fois ce … de bouquin mais que mon budget livre étant ce qu’il est, je dois choisir entre reacheter un bouquin que j’ai déjà ou acheter un bouquin que je n’ai jamais lu… Bordel !! )
Note personnelle : Neverwhere est définitivement un bouquin dont je suis amoureux. Je suis fan de Gaiman en général, (j’adore son recueil Des choses fragiles ) mais neverwhere fut vraiment un coup de foudre. Du coup, je ne suis pas forcément très impartial quand je vous conseille de le lire les yeux fermés. Mais n’empêche. Il vaut vraiment le détour.
Avant le petit widget amazon, les deux liens directs vers la boutique du diable (surtout que l’édition littérature générale est épuisée chez amazon ) :
Et maintenant le widget amazon :
7 Responses to “Neverwhere”
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Absolument d’accord – de mon point de vue, Neverwhere est le livre de Gaiman le plus accompli et le plus poétique. Souvent, une idée ne fait pas un livre (e.g. les fourmis, bonne idée, mauvais roman), on tire à la ligne, on se noie parce que ce qui devrait être une nouvelle s’embourbe dans la longueur du roman. Dans ce roman, Gaiman ne fait pas que développer l’idée : il la multiplie, il raconte une histoire fluide et captivante.
A lire et à relire.
[…] This post was mentioned on Twitter by Bruno Bord. Bruno Bord said: +1 RT @mrjmad: [MADBLOG] review de Neverwhere de Neil Gaiman : http://is.gd/jCEHe #bouqin #fantasy #vousdevezlelire […]
pour moi c’est un classique 😉
J’avais lu American gods, et je n’avais pas aimé. Tu m’as décidée à lire Neverwhere, que j’avais en stock à la maison. OK, c’est mieux qu’American god, mais c’est loin d’être un chef d’oeuvre quand même pour moi.
Oui, c’est bien écrit, ça se lit vite, c’est assez prenant car il se passe 100 000 choses. Mais le héros a le charisme d’une huître, et ça tourne davantage à la juxtaposition de plein d’idées (dont certaines originales mais d’autres demeurent un peu caricaturales) qu’à un tout vraiment cohérent.
C’est ptet aussi que les deux héros du Mal (Croup et Vandemar) sont dépeints, à mon goût, d’une façon un peu trop approfondie et admirative, et ça me met mal à l’aise.
Au final, Gaiman me rappelle Tim Powers : même talent pour (bien) raconter des histoires mêlant fantastique et modernité, mais des hauts et des bas entre ses livres, et une tendance à mettre en avant des gentils trop fades et des méchants trop méchants (qui ne devraient donc faire qu’une bouchée des gentils, ce qui enlève au vraisemblable de l’histoire). Powers approfondit davantage son histoire, cependant. Je reste sur ma faim avec les Gaiman.
Pour moi Gaiman, c’est l’héritier des frères Grimm. C’est du conte. Et dans tout les contes, le méchant est bien plus intéressant que le gentil, même si, presque tout le temps, il perd, le pauvre méchant.
Et c’est aussi un créateur d’ambiance fantastique, qui fait qu’on se sent vraiment emporté.
C’est une des raisons pour laquelle j’adore des choses fragiles. avec ces nouvelles cruelles, dérangeantes, parfois limite glauques, mais tellement bien écrites que c’est comme les films d’horreurs de notre enfance.. On sait qu’on va en trembler, qu’on va en être tout retourner, mais on ne résiste pas au plaisir 🙂
(Et j’aime beaucoup aussi powers, le palais du déviant, je l’ai lu 3 ou 4 fois)
Ah mais j’aime les contes (et les ambiances fantastiques) ! ceux de Voltaire, de Garcia Marquez, et d’autres plus récents encore dont le titre m’échappe (le dernier que j’ai lu est le Coeur cousu), … qui n’ont pas cette fascination pour le méchant ou pour l’horreur. Je déteste les films d’horreur, d’ailleurs. Autant j’ai adoré Hyperion (même si le Gritche, brrr) , autant j’ai détesté L’Echiquier du mal du même D. Simmons, par exemple.
(et le Palais du déviant est le Powers que j’ai le moins aimé, donc on n’a pas les mêmes goûts, c’est sûr !)
Le conte, c’est l’apprentissage d’un héros qui est d’abord faible, mais qui apprend et qui progresse (voire se transforme) en affrontant des épreuves (même si ce peut être une progression négative, pour les contes les plus sombres). Je trouve que ce héros-ci ne progresse pas des masses, je crois que c’est ce qui m’embête le plus.
roh tu as pas aimé l’échiquier du mal ???
je dois avouer que j’ai encore, 12 ou 13 ans après l’avoir lu, des scènes carrément horribles en tête, mais qu’est ce que je l’ai aimé ce bouquin :).