Dec 292009
 

Ce billet a bien failli ne jamais être écrit. Et pourtant, jamais aucun de mes billets n’a failli être écrit aussi souvent.

Je m’explique.

J’ai une caractéristique assez spéciale, j’adore regarder des navets. Que ce soit série ou film, j’adore ça. Mais quand je dis navet, c’est le vrai navet, pas juste le film pourri sans saveur. Non, le navet de classe internationale, par exemple la saison 4 de Prison Break (et les deux épisodes longs finaux) sont trop mauvais pour être de vrais navets, mais bon, j’ai tout regardé tout de même. C’est un vrai plaisir pour moi.

Et donc forcément, je n’ai pu m’empêcher de regarder toute la saison 1 et toute la saison 2 de Knight Rider. Et comme mon plus grand plaisir (après celui de regarder un navet) est de partager après chaque épisode, le lendemain au boulot je me faisais un plaisir de raconter par le menu, l’épisode de la veille. J’en étais venu à discerner les recettes de base des scénaristes (d’ailleurs ça me revient peu à peu là). Je les ai tellement gonflés au boulot, qu’ils voulaient que je chronique chaque épisode, sur un blog monté exprès pour, histoire qu’ils ne soient pas les seuls à souffrir. Mais au final, ça ne s’est pas fait. Et l’idée fut oubliée.

Et puis quand j’ai vu la chronique de genma sur le film “Chasse à l’homme” de John Woo (avec Van Damne… une perle ce film, je l’ai vu au moins trois fois),  l’idée m’est revenue. Ce fourbe de genma a d’ailleurs RT mon tweet à ce sujet.

Mais là encore, au final, je n’ai pas pris ma plume et mon OpenOffice. Après tout, je ne les avais plus les épisodes, et puis mon blog est un blog ‘sérieux’ plutôt orienté boulot, création d’entreprise et logiciel libre, je ne pouvais pas me mettre à écrire des billets sur des séries et des films miteux non ?

Et puis au final, ce soir, voilà. Je me lance. Ça ne sera pas, comme je l’avais au départ dit, un billet par épisode de Knight Rider, mais un billet général pour parler de cette magnifique série. 🙂

Et tant pis si j’écorne la réputation de sérieux de cet espace, après tout, il faut bien savoir ne pas se prendre au sérieux.

1- La genèse

Au début, il n’y avait rien. Et puis il y eu David Hasselhoff, ses pantalons en cuir et la fondation Knight. K2000 fut une série phare des années 80 et je dois bien avouer que j’ai du passer de nombreux après-midi, de weeks-end, à regarder l’épisode de la semaine, verre de lait et BN à la main.  Mais tout cela, c’était les années 80… Les temps ont changé, les séries ont changé, Xena et Hercule ont eu le temps d’avoir leur heure de gloire respective.

Et puis, un jour (un vendredi je crois, ou peut-être un jeudi, mais sûrement pas un mardi), un scénariste d’Hollywood eut une idée géniale. Faire un revival de K2000 qui s’appellerait Knight Rider. Je vois d’ailleurs dans cet événement, la preuve qu’une fois encore lorsqu’une idée géniale doit apparaître, elle est ‘dans l’air’ et qu’elle peut jaillir dans plusieurs cerveaux à la fois. Parce qu’après Knight Rider, c’est au tour de V d’être ramené à la vie, et je suis sûr que bientôt on va avoir droit à MacGyver et WonderWoman.

Une fois l’idée eut, il fallait la réaliser… Mais avant cela il fallait étudier son marché.

2- Étude de cible et cahier des charges

Le gentil scénariste qui avait eu son idée géniale pris l’initiative d’aller voir de gentils producteurs. Les gentils producteurs furent, bien entendu, emballés par l’idée du gentil scénariste. Mais avant de lancer la mise en boîte des épisodes, ils voulurent être sûrs que la série marcherait (ce qui en fait veut dire qu’il y aurait plein de spectateurs qui regarderaient plein de spots publicitaires permettant aux gentils producteurs de gagner plein d’argent, parce qu’ils n’en ont pas tant que ça, de l’argent).

Ils étudièrent donc leur cible de spectateur. Et ils durent trouver que les principaux spectateurs de Knight Rider nouvelle formule serait de jeunes adultes de sexe masculin.

Les gentils producteurs cherchèrent alors dans leur grille de classement des spectateurs en fonction de leur centres d’intérêts et ils virent que les jeunes adultes de sexe masculin voulaient  :

  • des voitures qui vont vite et qui les ferraient rêver,
  • des effets spéciaux avec de gros boums souvent,
  • des filles à gros seins qui les ferraient rêver,
  • un héros bien musclé qui sortiraient toujours vainqueur de toutes les bagarres ce qui flatterait leur virilité de spectateur.

Histoire de tenter de séduire aussi quelques spectatrices filles, les gentils producteurs décidèrent de rajouter un peu de romance dans le cahier des charges du scénario.

Ils se rendirent compte aussi qu’il était impossible de garder David Hasselhoff comme héros principal. Trop gros, il ne rentrait plus dans la voiture. Trop vieux, il ne serait pas crédible dans une romance ou pire dans une bagarre…

Le cahier des charges devint donc :

  • avoir une belle voiture qui se transforme en plein de trucs,
  • trouver un jeune premier baraqué pas trop intelligent façon quaterback,
  • trouver des ressorts scénaristiques qui permettraient d’avoir des filles très courts vêtues partout,
  • mettre des effets spéciaux qui font boum,
  • rajouter un peu de romance, mais sans que cela bloque le héros dans sa course aux filles courts vêtues,
  • trouver des acteurs pas chers parce que les belles voitures et les filles courts vêtues ça coûte chers,
  • avoir des intrigues pas trop compliquées à mettre en œuvre pour la même raison financière que juste au-dessus.

3- Le résultat…

Le résultat, c’est l’un des plus beaux navets de l’histoire des séries télévisuelles.

3.1- Les acteurs

Là, le cahier des charges a été respecté, mais à la lettre. Les acteurs sont tellement mauvais que je me demande si ce n’était pas eux qui payaient pour avoir le droit de jouer. La palme du jeu le plus ridicule du monde allant au héros principal joué par Justin Bruening ainsi qu’au vieux physicien (le papa de la jolie fille amoureuse du héros) joué par Bruce Davison. Je n’ai vraiment pas pu les départager tellement ils sont… Enfin voilà quoi, même moi, je pense que je ferrais mieux.

3.2- Les belles voitures qui se transforment

L’ancienne Kitt n’avait qu’un mode de transformation, celle en mode ‘rapide’ quoi. Là, il fallait faire mieux. La nouvelle Kitt se transforme donc en voiture super rapide, bien entendu mais aussi en :

  • pickup,
  • sous-marin,
  • et le mieux du mieux : en utilitaire (dans l’un des épisodes les plus mauvais des deux saisons d’ailleurs de cette nouvelle version).

3.3- Les effets spéciaux qui font boum

Là aussi, objectif rempli à 100 %. Avec parfois un peu trop de ridicule tout de même.

L’un de mes préférés étant le coup de la roquette. Je m’explique. Un méchant méchant veut faire exploser Kitt et décide donc de lui tirer une roquette dans le buffet.  Mais heureusement notre super héros (qui s’appelle Mike Traceur d’ailleurs, au secours) a une super idée. Faire faire un dérapage avec plein de fumée à Kitt et ouvrir les fenêtres. La roquette rentre par la fenêtre avant passager et sort par la fenêtre avant conducteur, sans même décoiffer Mike. Et le méchant méchant, il est bien marrie…

Dans la catégorie effets spéciaux, je rajouterais aussi la super base super bien cachée. Parce que tout le monde le sait, il faut forcément une super base aux supers gentils. Bon je n’ai pas trop compris le concept de ‘cacher’ le sas d’entrée au fond d’un énorme entrepôt complètement vide, mais c’est parce que je ne suis pas un super gentil.

3.4- Des filles à gros seins partout et cela grâce à des scénarios crédibles

Là aussi, c’est un franc succès. Et en plus les scénaristes se sont creusés la tête pour trouver des moyens de rentre plausible ce déballage de peaux bronzées… Ben oui, ce n’est pas sa faute à Mike si les super méchants décident de se cacher dans un hot spot de surfeurs. Ou si le richissime trafiquant d’armes vit dans une maison qui ferrait rougir le manoir Playboy où se tient une fête perpétuelle. Sans parler du bar plein de jolies serveuses que le méchant veut absolument acheter pour y construire son complexe immobilier (ou exploiter un gisement de gaz qui se trouve juste en dessous du bar, je ne me souviens plus).

Que du ressort scénaristique de qualité internationale, je vous le dit.

3.5- De la romance et du suspense

Là aussi, les scénaristes ont fait très fort. Ils ont inventé quelque chose que l’on avait jamais vu avant. Mike Traceur, le super dur, super baraqué qui fait craquer toutes les filles en bikini en pince pour Sarah Graiman, la fille du vieux scientifique. C’est son premier amour de lycée. Et d’ailleurs, elle aussi craque pour lui. Mais comme il faut ménager le suspense, ils ne se le disent jamais. Ou alors que dans les situations extrêmes et que l’autre ne peux pas entendre. Quand Mike (le héros, je rappelle) meurt, par exemple. Non, ne vous inquiétez pas, il meure plusieurs fois Mike. Mais à chaque fois c’est pas pour de vrai. Sarah le sauve. Ca me rappelle d’ailleurs un autre super effet spécial. Dans un des épisodes, Mike est empoisonné. Pour qu’il soit sauvé, il faut lui trouver l’antidote. Mais les gentils ne trouvent pas. Finalement 30 secondes avant que Mike meure, on découvre qu’il faut que l’antidote soit fait à partir du sang de Sarah (pourquoi je ne m’en souviens plus), sauf que Mike agonise sur le bitume et que Sarah est près de lui. Qu’importe, Kitt a un laboratoire dans sa boite à gants. Sarah se ponctionne un tube de sang qu’elle met dans la boite à gants de Kit. 30 secondes après, la boite à gants s’ouvre et hop Sarah en sort une seringue qui contient l’antidote. Comment Kitt a récupéré le sang du tube à essaie fermé, à synthétisé l’antidote, puis l’a mis dans une seringue fermée… J’en suis encore comme deux ronds de flan.

3.6- De l’intrigue, mais pas trop compliquée, parce que ça coûte cher

Je viens déjà de parler du ressort dramatique qui consiste à faire souvent mourir le héros. Mais de la romance et du drame, ça ne suffit pas. Il faut aussi des méchants. Mais de petites carrures les méchants, sinon ça coûte cher à mettre en oeuvre. Le pire étant, à un moment un mec, qui a un entrepôt plein de bidules informatiques, engage un assassin pour tuer l’ingénieur concepteur des bidules en question pour pouvoir après spéculer et se faire des sous en revendant son stock. Y a pas à dire, ça c’est du méchant.

Pour rajouter encore un peu de rebondissement, les scénaristes ont bien entendu ajouter l’incontournable geek looser qui ne comprend rien à la vraie vie et aux filles. Ça permet de faire rire facilement le spectateur viril et puis on peut même l’utiliser parfois dans le mode ‘on a toujours besoin d’un plus looser que soi’…

4- Et en conclusion ?

Cette série est un pur moment de bonheur si on aime les navets. J’ai rarement vu une aussi belle réussite. C’est tellement bien fait que je pense que les producteurs, scénaristes, acteurs n’avaient pas conscience de faire de la merde. Ils devaient être à fond dans leur truc. Je me demande si un jour ils sortiront des DVD… Ça vaudra le coup de les acheter sur eBay pour pouvoir les regarder, un jour, avec mes enfants ou mes petits enfants.

Bon allez, je ne résiste pas au plaisir de vous rajouter le générique de la saison 1…